Coupe du Monde des Boulets

18 septembre 2011

L'autre Coupe du Monde - Jour 10

Certains essayent de se distinguer comme rugbymen, ces derniers jours, d'autres c'est comme boulets. Nous avons eu deux belles prestations en quelques heures, juste assez pour finir de nous dégoûter de la fin de ces vacances !

Le premier candidat est un candidat : steward à bord de notre vol, quand nous posons le siège auto d'Éowyn sur son siège et alors que Boule en serre la ceinture, il vient nous voir et nous lance "vous êtes sûrs que ce siège est libre ?". Ah ben nous espérons bien que non, il doit être à son nom ! Quand il repasse quelques minutes après, il dit "Ah, c'est bien, vous avez trouvé un siège libre...". Plus tard, il réussit l'exploit de renverser deux verres en deux minutes, un de chaque côté de l'allée histoire d'équilibrer. Eau pour Boule, pas trop grave, mais gros rouge qui tâche pour le passager moins chanceux de l'autre côté de l'allée...
Notre vendredi est écourté par le passage de la ligne de changement de date. Paf, samedi arrive sans prévenir. Bizarrement, nous aurons en gros vécu un vendredi de plus qu'un samedi au total. Brrrrr. Comme nous avons choisi des repas végétariens, nous sommes les premiers servis dans l'avion, mais ce n'est pas facile facile : d'abord ils nous apportent les plateaux au moment du repas d'Éowyn, ce qui fait que Boule doit les empiler sur sa tablette pendant que nous nourrissons le nourrisson (enfin, le bébé, mais le jeu de mot était tentant). Ensuite, le fameux steward candidat revient au bout de cinq minutes et soulève un des couvercles pour vérifier si c'est bien un plat végétarien. Non, bien sûr que ce n'en est pas un, il n'y a pas l'autocollant "VEGE" dessus, ce que nous constatons à ce moment-là. Il nous sort tout de même un phrase mythique: "c'est impossible de les distinguer"... Bref, entre les différents repas, nous avons à peine fini le nôtre quand ils commencent à ramasser les plateaux, bien que servis en premier...

Au fait, vous avez bien lu : il y a un repas dans l'avion ! Merci la clown du Pacific Way Bar... Mais il fallait bien que le steward tente sa chance à notre concours.

À Auckland, tout va très vite : passer la douane (forcément, nous avons un bébé), récupérer les bagages au carrousel, passer la MAF et finalement retrouver les premières personnes du groupe qui nous disent : il y a un avion plus tôt que celui de 20h00, il part à 18h30 (nous nous sommes posés très en avance, ce qui explique qu'il serait possible de le prendre), il faut aller au terminal domestique. Nous passons tout de même au petit guichet permettant de ne pas trimballer ses bagages entre les deux terminaux mais c'est un peu tard, ils ne peuvent plus nous enregistrer à ce moment-là pour le vol de 18h30, il faut aller directement à l'autre terminal, il suffit de faire vite mais pas de panique, vous avez plus de vingt minutes pour vous enregistrer et il y a 60 places encore libres sur ce vol-là.

Nous empilons donc trois valises, deux sacs à dos et un siège bébé sur un chariot, Boule et Bill poussent tout ce qu'ils peuvent et Vanessa porte notre descendance - elle n'a pas l'air très chaude pour la laisser dans le siège auto en équilibre au dessus des valises, alors que nous allons avoir moult virages, montée et descente de trottoirs, traversée de rues entre les deux terminaux, sans compter les dépassements d'autres passagers. Boule retrouve ses talents de Gran Tourismo, mais cela ne suffira pas car...

Le second candidat est une candidate. Arrivés au terminal domestique, nous fonçons directement au guichet vu il n'y a aucun doute que l'enregistrement automatique ne nous permettra pas de changer d'horaire. Soudainement, le rythme s'effondre et passe de celui d'un film d'action avec course-poursuite et cascades, à celui d'une tragédie antique :

Boule
Bonjour, nous étions enregistrés sur le vol de 20h00 mais nous savons qu'il y a soixante places sur le vol de 18h30. S'il vous plaît, est-ce que vous pouvez nous enregistrer sur ce vol ?

Yongi
Ben je sais pas, ça dépend de votre type de billet.

Boule
Tenez, voici nos passeports.

Yongi
OK, et Bruce Gordon, il n'est pas avec vous ?

Boule
Non, il fait partie de notre groupe, mais il ne voyage pas avec nous, il est juste sur le même dossier.

Yongi
Ah d'accord. Mais vous êtes deux, et je vois trois billets dans le système, dont un au nom d'Éowyn, bébé.

Boule
Oui, on a un billet pour elle, pour qu'elle ait un siège où nous puissions poser son siège auto.

Yongi
C'est très bizarre, elle ne devrait pas apparaître dans le système, mais elle apparaît, regardez (elle tourne l'écran pour que Boule puisse le voir).

Boule
Euh, on a payé un billet pour elle, ça me semble normal qu'elle apparaisse dans le système.

Yongi
Ah mais c'est pas comme ça que ça doit marcher, les bébés doivent voyager sur les genoux de leurs parents.

Boule, fort
Non, non, nous avons payé un billet pour elle, pour qu'elle ait un siège.

Yongi
Ah mais vous n'auriez pas dû payer de billet, elle devait voyager sur vos genoux.

Boule, plus fort
Non, non, nous avons payé un billet pour elle, pour qu'elle ait un siège.

Yongi
Ah mais vous n'aviez pas à payer de billet, elle pouvait voyager sur vos genoux.

Boule, encore plus fort
Non, non, nous avons payé un billet pour elle, pour qu'elle ait un siège.

Yongi
Ne vous énervez pas, je vous explique que d'habitude les bébés voyagent sur les genoux de leurs parents...

Boule, très fort
Putain, nous avons payé un billet pour elle, nous VOULIONS payer un billet pour elle, maintenant nous avons un billet pour elle et tu vas nous enregistrer sur ce putain de vol de 18h30.

Yongi
Excusez-moi, mais je demande, parce que c'est très confusant, normalement elle aurait dû voyager sans billet, or là le système vient d'éditer une carte d'embarquement pour elle, ce qu'il n'aurait pas dû faire.

Boule, abandonne
Bon au moins nous sommes enregistrés sur le vol de 18h30 ?

Yongi
Ah non, vous avez réservé pour le vol de 20h00.

Boule
Mais nous sommes venus au comptoir pour changer d'horaire...

Yongi
Oui, je sais, mais je viens de vous enregistrer sur le vol de 20h00.

Boule
Vous plaisantez, là, nous sommes venus au comptoir pour changer de vol.

Yongi
Et c'est bizarre, il y a un carton d'embarquement pour votre bébé.

Boule
Non, nous avons un siège pour elle, comme ça nous prenons le siège auto en cabine, elle peut dormir autrement mieux que sur nos genoux, et cetera.

Yongi
Mai vous venez de... N... I... U... E ?

Boule
En quoi ça a un rapport ?

Yongi
J'essaye de comprendre.

Boule
Il n'y a rien à comprendre, nous sommes trois à avoir réservé sur le vol de 20h00 et nous voudrions changer pour celui de 18h30.

Yongi
Et Bruce Gordon, il est avec vous ?

Boule
C'est une blague ? Où est la caméra ?

Yongi, désignant les valises à trois mètres de là.
Approchez vos bagages...

Boule, désespéré
C'est pas possible... Pourquoi ?

Yongi
Pour que je voie...

Boule, pousse le chariot jusqu'au comptoir, Yongi est du coup obligée de se pencher par dessus pour voir les valises.
Je peux pas plus près.

Yongi
Ah mais vous avez trois bagages alors que vous n'êtes que deux, il va falloir payer un supplément de bagage.

Boule
Non, nous avons payé trois putain de billets sur ce putain de vol, nous pouvons enregistrer trois putain de bagages, c'était aussi le but, en plus de pouvoir prendre son siège auto en cabine.

Yongi
Ah mais vous avez un siège auto, il va falloir l'enregistrer en bagage accompagné.

Boule, le siège auto vide tenu comme une masse d'armes
Aaaaahhhhhhhhhhh !!!!! Tu vas voir où je vais te l'enregistrer !

Bill, glisse des quatre pattes en retenant Boule par le pantalon avec ses crocs
Calme-toi, Boule, de toute façon il doit être trop tard maintenant.

Yongi
Ah oui, il est trop tard pour le vol de 18h30, il y a cinq minutes c'était bon mais maintenant, c'est trop tard.

Boule, les bras maintenant ballants
Vous ne vous reposez jamais, vous ?

Yongi
Et ce Gordon Bruce, il est avec vous ?

Boule, attache les étiquettes aux valises.
Dans la valise jaune, en trois morceaux. Vous voulez le rejoindre ? On a de la place, un couteau de cuisine et la motivation.

Yongi
Écoutez, j'ai juste essayé d'aider...

Boule
Je comprends pourquoi ils vous remplacent par des guichets automatiques.

Yongi
Et encore, vous avez de la chance, je n'ai rien dit pour le chien, mais si vous voulez on peut reprendre la discussion...

Le choeur
Et c'est ainsi que Boule, Vanessa et Éowyn se sont retrouvés devant un milk-shake au lieu de voler pour Wellington une heure et demi plus tôt. En fin de compte, le bébé s'en moquait, il dormait et quand ce n'était pas le cas il aimait bien être entouré de plongeurs, d'hôtesses, de passagers. Le cocker, lui, a fait une entorse à son régime végétarien et Air New Zealand recherche activement une de ses employées.

Rideau.

Forcément, après tout ça, l'arrivée à Wellington semble bien fade, avec même pas un bagage perdu ou en retard, aucun passage nécessaire à quelque guichet que ce soit, bref, tout va bien et nous nous retrouvons dans un taxi électrique avec le meilleur chauffeur que nous ayons jamais eu : il conduit lentement, prudemment, sans prendre les raccourcis débiles et habituels de ses collègues, en particulier Hungerford Road. Un bonheur, et aucune chance pour lui de remporter la moindre palme à notre concours du jour.

Il nous dit aussi que, comme Boule s'y attendait, la Coupe du Monde a plutôt un effet négatif sur le business : les compagnies ont augmenté les prix de leurs vols, les hôtels leurs tarifs, et du coût (hi hi hi), les kiwis voyagent moins sans que les touristes soient vraiment au rendez-vous.

Vers 21h30, nous couchons Éowyn dans son lit à elle, teinte Rimu au lieu du blanc du Matavai, et pour être autour de vingt degrés dans la chambre nous avons besoin du chauffage au lieu de la clim... Normal, nous sommes sous 41 degrés alors qu'il y a quelques heures ce n'était que 19 degrés !

Le lendemain

Posté par gilboule à 15:15 - Commentaires […] - Permalien [#]