Bercent mon coeur d'une langueur monotone
Par le chemin des écoliers - Jour 102
Bien que nous volions vers l'ouest, et que la nuit doive donc être bien courte, elle est encore présente quand les réacteurs de l'avion commencent à faire un bruit bizarre, un sorte d'éructation incontrôlée. Ah non ! C'est Éowyn qui s'est réveillée et veut à tout prix baptiser l'A380 ! Hé ! Ce n'est pas son premier vol, ce n'est plus la peine ! Hélas, elle ne veut rien entendre et arrose son siège auto et le siège de l'avion d'un geyser digne de Yellowstone. Au même moment, comme pour appuyer un comique de répétition dont nous nous serions bien passés, le voyant "attachez vos ceintures" s'allume, ce qui veut dire que nous devons rester à nos sièges... Nous nettoyons l'avion et le bébé comme nous pouvons, la changeons, et finalement elle s'endort sur nous et pas dans son siège ; de toute façon, vu l'état de ce dernier...
Le jour et les autres passagers se lèvent alors que nous arrivons sur Paris : la Tour Eiffel dépasse des nuages. Notre bétaillère volante fait un dernier virage sur l'aile et se pose sur une piste de Charles De Gaulle (l'aéroport, pas le porte-avions, vu la distance qu'un A380 met à s'arrêter, ça ne passerait sûrement pas...) avec trois quarts d'heure de retard, les mêmes qu'au départ. Nous débarquons directement à Paris, sans passer par les plages de Normandie !
Revenir jusqu'au terminal 2E est un vrai marathon, entre coursives, escaliers, métro-navette et escalators, mais nous finissons tout de même par passer la douane, où Éowyn n'a aucun problème malgré son passeport kiwi. L'attente des bagages semble durer cinq ans, un peu comme notre vie en Nouvelle Zélande. Nous repassons en vitesse les moments forts de ces cinq années, l'arrivée à Wellington, la première vision du Tongariro, de Castle Point, du Taranaki, des Red Rocks aux portes de la capitale, les randos dans les Alpes du Sud, le Doubtful Sound, la Otago Peninsula, les pingouins des Catlins, les phoques de Kaikoura, les baleines dans le même coin, les glaciers qui descendent à la mer, la mer qui remonte la plage des White Cliffs, les grottes des Waitomo Caves et leur pont naturel, les tuataras au pied de kauris millénaires, et toutes ces îles autour des deux principales, Matiu, Kapiti, Waheke, Great Barrier, Rangitoto, Poor Knights, White, Stewart, Ulva et bien sûr les inoubliables Chatham, inoubliables car oubliées des circuits touristiques classiques. Mais surtout, le Wellington Day 2011 à Wellington et ses 3,5 kilos, bientôt 13, de bonheur.
Ça y est, tout est là, le porte-bébé, la poussette qui nous sert de caddie, les deux gros sacs et le siège auto parfumé au cheesecake à moitié digéré. Nous passons les doubles portes et François est là, en instance d'aller au travail. C'est là qu'il nous confiera les clefs de la voiture, nous laissant libres sur les routes de France, ou au moins d'Île de France tout d'abord.
Ça y est, c'est la fin de ce voyage et donc de ce blog, nos chaussures vont pouvoir prendre du repos bien mérité, après ces trois mois et demi sur les routes :
Pour mémoire, voici la tête qu'elles avaient au début de cette odyssée :
Le lecteur attentif remarquera comme elles ont vieilli. Certaines ont même tellement vieilli qu'il a fallu les changer ! Une autre paire a elle été changée pour raison de pointure qui augmente...
Bill, lui, va goûter au joies de la gastronomie française, bretonne même pour être précis :
Nous allons de notre côté nous poser, complètement à l'ouest...
Heureux qui comme Ulysse, etc. Bill va enfin goûter, en plus des crêpes, une retraite bien méritée :
Comment finir ? Nous pourrions faire un résumé du blog, comme pour une quatrième de couverture. Nous pourrions aussi construire une conclusion, comme pour un devoir de français, mais comme nous n'avions ni thèse, ni antithèse ni synthèse... Nous pourrions finir comme le dernier Harry Potter, avec un passage "quinze ans après", mais cela représenterait autant d'attente pour nos lecteurs (déjà qu'ils ont attendu plus de six mois...). Nous pourrions finir de façon laconique, comme l'Assommoir ou la Chartreuse de Parme, en une phrase qui résume plusieurs années. Bill verrait bien finir comme un Club des Cinq, uniquement parce qu'il y a un chien dans l'histoire. Lui qui est né dans les Cinq Terres aimerait de toute façon visiter les cinq continents. Nous pourrions finir comme Waking Ned Devine (Ne faites pas attention au titre français...), le film préféré de Boule, en trinquant en haut d'une falaise. Le plus simple, c'est peut-être de finir tout bêtement par un mot, en version française :
FIN