Superman returns

8 janvier 2009

Nous nous réveillons vers 6h00, accompagnés par le crépitement de la pluie sur à peu près toutes les surfaces extérieures du bateau. Pourquoi si tôt ? Parce que Mark a du oublier hier de couper son réveil, qui nous gratifie donc d'une douce mélodie à une heure moins douce.

Mais ceci nous permet d'assister au lever du soleil. Le lever de soleil dans le Fiordland, c'est une vue de l'esprit, voire du saint esprit. Déjà, il faut trouver l'endroit où il pourrait apparaître. Là, entre les nuages. Bon, je retourne me coucher... Coluche disait "t'achètes deux cartes postales, une du coucher, une du lever, il n'y a pas de raison de rester pour ça". Ici, nous essaierons plutôt de trouver une carte postale du lever.

Enfin bref, il fait jour sur le Doubtful Sound, et nous allons de cascade en cascade, de chute d'eau en chute d'eau, de falaise en falaise. C'est d'un lassant... Pour agrémenter la croisière, nous allons voir notre capitaine sur la passerelle. C'est marrant, en tant que plongeurs, nous imaginons tous les bateaux sur lesquels nous allons en épave. Ah ouais, on entrerait par là, on devinerait encore la barre, l'écran LCD du GPS. Jusqu'à présent, nous avons surtout plongé sur des épaves de la deuxième guerre, donc pas trop de GPS...

Il est temps de redescendre pour prendre le petit déjeuner. À première vue, beaucoup n'ont pas oublié le briefing sécurité de la veille et emmagasinent de l'énergie en cas de naufrage. Ce matin, nous naviguons jusque Hall Arm, un autre bras du fjord.

Woaw. Les plus hautes chutes d'eau permanentes du monde, Salto Angel au Venezuela, font 800 mètres de haut. Ici, ce matin, l'eau se jette de 1000 mètres de haut. Pffffff. Nous vous mettons des photos, mais ça ne permet pas de seulement commencer à imaginer ce que c'est. Et dans le Fiordland, toutes les cascades sont réalisées sans trucage !

Sinon, le paysage alentour nous permet de comprendre d'où est venu l'inspiration pour Superman Returns, quand l'île commence à sortir de l'eau et qu'il y a des cascades partout.

Au retour à Deep Cove, nous prenons toute la mesure de notre chance car grâce à toute la pluie des derniers jours, les chutes sont vraiment énormes et nombreuses : il y en a bien plus qu'hier, ce qui veut dire que le fjord aussi était plus intéressant que la veille. En tout cas, contrairement à ce que nous avait dit deux suisses à Surat Bay Lodge, nous ne regrettons absolument pas le coût des dernières 24 heures.

Ce que nous regrettons, c'est le chauffeur de bus de la veille. Celui d'aujourd'hui se croit au rallye de Nouvelle Zélande, mais comme nous n'avons pas de harnais...

De la même façon, nous retraversons le lac Manapouri, mais avec le vent dans le dos nous arrivons à rester sur le deck, où nous faisons la connaissance de deux françaises de Wallis qui envisageraient bien de passer leur retraite de l'Education Nationale en Nouvelle Zélande.

(Sur la photo, ça reste Bill)
Pour la seconde fois pour Vanessa, et la troisième pour Boule, cherchez l'erreur, nous remontons vers le parking, reprenons la voiture, pour laquelle l'écran pare-soleil nous semble un peu superflu a posteriori, et roulons 25 kilomètres jusque Te Anau, où se poursuivent nos aventures. À l'enregistrement du tour guidé dans les grottes qui ont donné leur nom au lac (En maori, Te Anau signifie "grotte avec de l'eau très claire"), nous retombons sur nos deux françaises.

Cinquante minutes de bateau plus tard, nous pouvons suivre un guide dans les grottes, mais les photos sont interdites car elles sont peuplées de "glow worms", des vers luisants qui génèrent de la lumière pour attirer leurs proies, s'en nourrir et ainsi grandir jusqu'à pouvoir se transformer en une petite mouche dont la durée de vie n'excède pas cinq jours, au régime en plus puisque ces mouches n'ont même pas de bouche. Pas de bouche, pas de chocolat. Et comme les vers sont eux très sensibles à la lumière, les photos sont interdites. Même sans flash ? Même sans flash. Pas de flash, pas de photo.

En tout cas, ces grottes sont vraiment de la gnognotte après celles d'Arthur's Pass : passerelle sur pilotis, nous n'avons même pas les pieds dans l'eau, lumière sur le chemin, impossible de se cogner, et guide, impossible de se perdre (encore que pour se perdre dans les autres, il aurait fallu être très fort). Le tourisme se développe à grande vitesse dans ce pays !

Ils ont tout de même fait preuve d'un coup de génie exceptionnel en produisant l'électricité du site en utilisant l'énergie des multiples chutes et cascades du coin. Un petit chemin mène à la cabane où ronronne l'alternateur couplé à une turbine entraînée par l'eau d'une conduite forcée depuis un petit lac au dessus. Quelle énergie ! À peu près autant que les deux gamins à côté de nous qui en sont à leur deuxième canette de Coca® en deux heures. Bonne moyenne, continuez.

Ce qui fait peur parfois, quand on organise un voyage, c'est quand on choisit un opérateur et qu'au fur et à mesure que le temps passe on commence à douter de son choix. Par exemple, un opérateur qui vous promet un voyage de plongée sur Stewart Island, qui l'annule, et qui maintenant, à la veille de notre plongée à Milford Sound, nous rappelle pour nous demander notre numéro de carte bleue parce qu'il y a un problème avec la réservation. Euh... Comme en plus le portable est en panne de batterie, nous ne pouvons pas les rappeler avant la fin de l'après-midi, après avoir emprunté une prise à Real Journeys. Et là, ah ben excusez-nous, en fait on a retrouvé votre numéro dans votre dossier, il n'y a pas de problème, le skipper passera vous prendre demain à l'accueil du Milford Sound Lodge. Cool, surtout que nous devrions y dormir, car nous venons d'y réserver deux lits, à trois heures de notre arrivée, bonne performance. Le camping ne nous tente plus trop dans cette région.

Pendant ces coups de fil, Vanessa a fait le plein, ce qui représente un bel exemple de travail parallèle. Nous nous engageons sur une route de 120 kilomètres de long, en cul de sac, et sans moyen de faire le plein au bout, donc Titine va devoir tenir au moins 240 kilomètres en apnée, sans compter les éventuelles balades là-bas. Ça devrait aller.

Un Kea tout content de nous montrer sa région.
La route est magnifique, au fond d'une vallée glaciaire, puis elle monte à un petit col, passe un tunnel pourri, non goudronné, non éclairé, pour déboucher en haut du Milford Sound. Là, nous sommes obligés de contredire encore une fois des rencontres de ce voyages : ça vaut le coût. Les anglais de la croisière nous avaient dit que c'était pas super, et ben si. Et surtout, c'est tout de même différent. Ici, les parois du fjord sont beaucoup plus abruptes, plus rocheuses, on se sent plus en montagne et moins dans la forêt.

Après une descente jusqu'au niveau de la mer, nous arrivons au backpackers, énorme, et sommes accueillis par un gros panneau COMPLET. Bien vu de réserver ! En fait, il reste quelques lits pour les randonneurs qui arrivent sans prévenir, et il y en a beaucoup ces derniers jours : depuis le début de l'année, il n'y a pas eu un jour de pluie, et cela faisait des années que l'on avait pas vu ça, il est tombé jusqu'à 700 millimètres en une journée ! Dans le journal, nous voyons une photo de randonneurs avec de l'eau jusqu'à la taille sur le Milford Track, une des randonnées les plus célèbres du pays et qui termine ici après 5 jours dans le Fiordland. Les topos préviennent que le temps peut devenir horrible dans la région, mais ne parlent tout de même pas d'emporter des jambières...