Gros détours

La nuit, il pleut. Ça devient lassant. Nous allons finir par faire une réclamation.

Au matin, la décision ne prend qu'une heure : nous annulons encore une fois le Tongariro Crossing, pour la raison habituelle, la brume (et ses cornes). Comme nous étions levé tout de même très tôt, nous pourrions presque partir à la brune...

Nous descendons donc la route 4 vers Wanganui, en profitant des charmants paysages jusqu'à ce que... AAAAAHHHHH !!!!!! Sur le coup, Boule se dit "Ce n'est pas possible, je me suis déconcentré au point de rouler du mauvais côté de la route ???" En face de nous, un Kenworth de 100 tonnes arrive à 40 l'heure, en fait, pire, un Kenworth de 40 tonnes arrive à 100, sur notre voie. DC one-thirty-two  ... Frein. ABS. Sueur. Plus personne ne parle, même pas Bill qui d'habitude a toujours un mot gentil pour les routiers (Il apprécie le monde du transport, depuis que SDV nous a envoyé un "Bill of ladding"). Le voyant "check engine" n'ose même plus s'allumer. En fait, le camion doublait un groupe de cyclistes en montée, avec ces deux adaptations du code de la route, partagées par les îles que sont la Corse et la Nouvelle Zélande, article XI, "plus on est gros plus on est prioritaire" et plus loin, article XXV, "la ligne du milieu c'est pour les losers". Il doit aussi y avoir une approche locale de la notion de "visibilité".
Nous n'avons pas de photo du camion à vous offrir, hélas, nous étions tellement occuper à nous remémorer l'école Les Pénitents de Vernonnet, Yves le Manchec, le collège, tout ça, donc voici plutôt la chute de l'histoire :

Histoire de se reposer un peu de toutes ces émotions, même si elles n'ont duré que quelques secondes, nous nous arrêtons à l'entrée de Wanganui pour visiter les vestiges d'un pa. Un pa, c'est un camp retranché maori ; en général il s'agit d'une crête naturelle à laquelle ils rajoutaient des fossés et des palissades. Il nous faut donc monter un chemin abrupt dans un enclos à moutons pour arriver au site. Il n'y a aucun reste de construction, on devine seulement comment le lieu pouvait être aménagé.

Plus tard, du haut de la tour mémorial que nous avions déjà visitée la fois précédente, nous pouvons constater que notre annulation de la rando était et reste une bonne décision :

A Wanganui, nous faisons le tour du lac Virginia sur lequel a été tournée une scène du Seigneur des Anneaux (le pont elfe de Rivendale), ce qui nous permet de nourrir les milliers de canards, pukekos, oies qui vivent dans le parc. A cette occasion, nous voyons pour la première fois la version amphibie du pukeko, avec pattes presque palmées, plumées en fait :

Ensuite, c'est la route du retour, mais comme nous avons le temps cette fois-ci nous décidons de passer par les gorges de Manawatu. A Sanson, Boule peut donc refaire tranquillement sa blague de faire semblant de parler mais avec aucun bruit qui sort de sa bouche (Sanson... Pathétique, il aurait encore mieux valu qu'il chante "les marabouts d'Afriiiiiiiique", ah non, ça c'est Céline). La dernière fois qu'il avait fait la blague, Bill et Vanessa avaient tellement rigolé que personne n'avait vu que pour Wellington il faut tourner à droite au bout du village et pas continuer tout droit. Cette fois-ci, donc, nous continuons tout droit jusqu'à Palmerston North. Nous y sommes accueillis par un concours de majorettes. Ensuite, nous allons nous balader au bord de la rivière, et comme nous ne savons rien lui refuser, Bill nous entraîne dans un train construit pour lui.

A cause de la pluie, nous reprenons directement la route depuis la gare d'arrivée. Nous traversons les gorges de Manawatu, au pied des éoliennes. La Nouvelle Zélande en a plein, nous ne pourrons donc pas vous cacher qu'il y a du vent par ici. Parfois, pour aller au travail, on pédale en descente ! Et surtout il ne faut pas en conclure que le soir la montée sera aisée : le vent tourne dans la journée...

Pourquoi ne fait-on pas de voitures électriques ? 
Quand nous arrivons au Parc de Mount Bruce, que Boule pressentait bien pour terminer la journée à la rencontre de la faune de l'Ile du Nord, il est fermé depuis dix minutes. Il faudra revenir, maintenant que nous connaissons les horaires ! En attendant, le ciel nous annonce un retour humide.

En tout cas, pour revenir, nous passons pour la première fois le Rimutaka Range avec une boite manuelle et c'est tout de même bien plus pratique, sécurisant et confortable !

Lundi, Boule amène la voiture chez Coventry. Le gars qui nous a vendu la voiture veut nous faire croire que c'est notre façon de conduire qui fait allumer le voyant : il ne faut pas prendre de côte en cinquième. Et de glisser une petite question assassine, "vous avez déjà conduit avec une boite manuelle avant ?". Boule le renvoie délicatement dans ses vingt-deux mètres (on est au pays du rugby) et obtiendra qu'ils vérifient la voiture. Diagnostic : senseur d'oxygène "mal branché". On verra bien...